Le regard gris de la jeune femme balayait doucement le long couloir bordé d’une végétation plus qu’abondante se retrouvant dans sa ligne de mire. De fins rayons dorés parvenaient à se frayer un chemin pour rejoindre le sol parmi les innombrables feuilles vertes qui formaient une espèce de couverture délicate. Ce sentier n’avait l’air de rien à première vue, n’évoquait absolument rien en particulier. Si bien qu’on aurait facilement pu le confondre avec un autre. Mais au travers les pupilles noires de Kasura, des souvenirs se libéraient, prenant forme sous ses yeux grisâtres. Les sourcils de la jeune femme étaient froncés.

Le sang immaculait la terre, se ternissant d’une couleur cramoisie. Des corps inertes jonchaient sur le sol, se transformant en cendres et poussières. Les tambours de guerre résonnaient au cœur de la forêt qui encerclait le village caché des nuages. Les troupes ennemies ravageaient tout ce qui se trouvait sur son passage, sans exceptions. Quelques-uns d’entre eux tombèrent au combat, certes, mais ce n’était rien comparativement aux pertes qu’ils avaient engendrées. Au moins une chose était certaine : Les Shinobis qui avaient attentés le village portaient fièrement sur leurs fronts des plaques métalliques à l’effigie du Pays de l’Eau.

Il ne s’agissait que de vilains souvenirs, néanmoins à toutes les fois que son regard croisait ce sentier Kasura avait l’impression d’y être encore. Difficile était pour elle d’oublier cette terrible nuit.

Le sentier stoïque. Son nom n’avait pas été choisi ainsi pour rien. Ce passage représente un grand espoir pour Kumogakure no satô ainsi que ses habitants. C’est à cet endroit-là, cet emplacement précis, que tout a commencé. Que le bain de sang s’est lancé, que l’alliance entre l’Eau et la Foudre s’est envolée en poussières. Depuis le temps, des mesures de précautions s’étaient instaurées afin d’éviter que la même erreur, que le même incident plutôt, ne se reproduise. Réaménagement des lieux, Jutsus de protection ainsi que de repérage et bien plus encore. C’est ce qu’attendaient les intrus qui oseraient se présenter aux portes d’un village grandissant encore aujourd’hui dans le plus important des secrets.

Une faible bourrasque de vent vint effleurer le visage pâle de la jeune femme, ses yeux se fermèrent, ne serai-ce qu’un instant. Elle inspira doucement, puis laissa le mélange d’azote et d’oxygène se libérer tranquillement de ses poumons. La présence d’une énergie spirituelle importante se fit ressentir à proximité, chose qui lui fit ouvrir les yeux.

Le jeune homme de la vingtaine arborant une chevelure blanchâtre mi- longue surprit immédiatement Kasura, qui figea instantanément. Cette personne… La fille du Clan Hasegawa était présente lors de sa nomination au poste de Raïkage, elle l’avait vu annoncer aux rescapés que ce n’était pas la fin, qu’une autre destinée les attendait. C’était lui qui avait redonné une once de courage et d’espoir aux survivants de l’attaque de Kirigakure no satô. Kasura se redressa, inclina la tête légèrement à l’arrivée du Shinobi.

« Raïkage-sama. Que vaut votre visite aux portes du village ? Y’a-t-il un problème quelconque ? »

Jamais depuis que la Kunoichi n’avait eu comme tâche de surveiller l’imposante entrée elle n’avait eu l’occasion de croiser le regard du dirigeant de l’armée de Kumo en personne. Doucement, elle redressa la tête, observant silencieusement l’homme qui s’était posté devant elle, prête à écouter les dires de ce dernier.