Tout c’était passé très vite, trop vite…Raïken toussa en redressant le visage. Un bruit sourd résonnait dans ses oreilles et l’empêchait de comprendre ce qu’il se passait. Totalement sonné il mis plusieurs secondes avant de réunir ses pensées en regardant autour de lui. Scène d’horreur, l’un des chariots avait pris feu. Les flammes s’étaient propagées à la monture qui s’emballait et ruait dans tous les sens. Le Nukenin eu à peine le temps de rouler sur le côté pour éviter de se faire écraser par la roue de l’attelage. Il se retrouva alors nez à nez avec un bras arraché dont il ne pouvait pas identifier le propriétaire.
Il avait prévenu le marchand ! Il l’avait informé des menaces qui pesaient sur lui et ce dernier n’avait rien voulu entendre. Contrarié d’avoir une nouvelle fois de plus raison, il se releva en titubant et du prendre plusieurs longues secondes pour reprendre totalement conscience de son corps. Il se passa la main sur le front sentant que l’un de ses bandages était imbibé de son sang.
Un homme se plaça devant lui. Fort heureusement, l’entraînement qu’il avait suivi à Iwa avait fait de lui une machine à tuer capable de réagir instinctivement à toute situation. Sans réfléchir il fit un pas sur le côté, esquivant une lame et attrapa l’homme par la tête. Il n’entendit pas le craquement mais ressentit la vibration dans ses mains tandis que le corps de son agresseur retombait lourdement à terre.
Il balaya la scène du regard en cherchant le marchand et l’aperçut. Malgré sa ventripotence il avait réussis à se glisser sous le deuxième attelage attendant sans doute une occasion pour fuir. Raïken jura.
Il n’avait rien vu venir, était-ce un jutsu ? Un sceau piégé ? Quoiqu’il en soit l’explosion avait provoqué des dommages considérables tout en semant une panique totale dans le convoi. Il aperçut le corps d’un des mercenaires au sol, victime au vu des lacérations sur son cou, de la lame du précèdent assaillant.
Sans réfléchir Raïken composa les mudras permettant d’appeler la ruche à lui. Les bandages de ses avants bras se mirent à onduler tandis que plusieurs frelons commencèrent à s’extirper. Bientôt un flux incessant d’insectes se déversa de ses bras. Personne à part les Tenbatsu eux-mêmes ne savait d’où venait la ruche, d’où se matérialisait la colonie. Il ne s’agissait pas d’une invocation, les insectes semblaient disposer du corps des Tenbatsu comme d’un portail. En quelques secondes un essaim entier s’était rassemblé autour de la caravane sous laquelle le marchand se dissimulait créant ainsi une protection.
Un sourire satisfait se dessina sur le visage du Nukenin mais, privé de son ouïe, il n’entendit pas l’homme se jeter sur lui. L’attrapant par la taille, il entraîna Raïken dans sa chute et les deux hommes se retrouvèrent au sol dans la terre fraîchement retournée par l’explosion.
Raïken grimaça en voyant le visage de Takeru. Ce dernier lui adressa quelques mots avec un sourire triomphant mais le Nukenin, incapable d’entendre quoi que ce soit, se contenta de regarder le jeune garçon d’un air implacable.
Avec trop peux d’expériences, le jeune homme se lança sur Raïken. Un kunaï, sans doute récupéré sur un cadavre, à la main. Le Nukenin attrapa le bras de Takeru et l’attira à lui. Le visage du brigand se figea avec un hoquet de surprise tandis que Raïken l’observait… Non il n’était pas un monstre mais il n’était pas non plus du genre à se répéter…
Takeru bascula en arrière laissant apparaître le scalpel de chakra qui l’avait frappé en plein cœur. Une mort rapide, efficace…
*****
- Le garçon a fait son choix.
- C’était stupide de sa part. Se payer un ersatz de Nukenin pour attaquer la caravane. Trois hommes sont morts à cause de sa cupidité ! Tout ça pour une boite…
La fin du voyage s’était déroulé sans encombre et à mesure de leur avancée dans la ville le reste du groupe s’était étiolée. Arrivé devant l’échoppe, il ne restait plus qu’eux deux. Jinbachi posa son regard sur le Nukenin. Malgré ses apparences, Raïken était beaucoup plus humain que beaucoup de ses congénères pensa-t-il. Il ne fallait pas gratter longuement pour comprendre tout le potentiel que pouvait avoir un tel individu.
Tiré de ses réflexions, le marchand fit volte-face vers un petit bonhomme dont l’âge ne devait pas excéder les 8 ans. Un mince sourire se dessina sur le visage de Raïken qui assista avec amusement au vol plané du gamin dans les bras de son père.
- Tu l’as ? Tu l’as ?!
- Evidemment que je l’ai ! Tu m’as pris pour qui ?
Jinbachi reposa son fils et attrapa le coffret d’acajou de son obi en le tendant vers l’enfant. Ce dernier l’ouvrit sans grand ménagement et en dévoila son contenu.
Raïken haussa un sourcil en regardant la myriade de bonbons aux couleurs chatoyantes. Le garçon attrapa l’une des petites boules de sucres et la mit rapidement en bouche. Une grimace lui déforma le visage, sans doute le résultat de l’acidité de la sucrerie.
- Todo, j’aimerai te présenter un ami. Voici Raïken c’est lui qui m’a aidé a ramener les bonbons depuis le pays du thé.
L’enfant bloqua de très longue secondes en réalisant soudain l’apparence du compagnon de son père. Habitué à cette réaction, le Nukenin resta impassible et se contenta d’hocher solennellement la tête pour appuyer dans l’imaginaire du gosse son statut d’homme pas tout à fait ordinaire.
Jinbachi ébouriffa les cheveux de son fils en l’invitant à ne pas abuser des bonbons et le renvoya dans la petite échoppe.
- Vous n’imaginez pas à quel point il est difficile de trouver ceux qu’il aime... Votre silence en dit long mon ami. Pas de « vous vous foutez de moi » ?
- Vous m’avez engagé pour un travail. Que celui-ci soit trivial ne me regarde pas. Je fais le job pour lequel on me paye et je ne pose pas de questions.
- Vous vous en posez pourtant.
- Pas vraiment. J’avais compris que le coffret avait davantage une valeur sentimentale que marchande. Ce que je ne comprends pas c’est votre discrétion à son égard. Dévoilez le contenu de votre boite nous aurait évité bien des écueils.
- J’ai deux raisons à vous donner. Vous trouverez sans doue ça mielleux mais j’ai chéri cette boite pour ce qu’elle était : le sourire de mon fils. Et puis la seconde c’est que j’ai une image de marchand cupide à respecter et à projeter aux autres. Tout comme vous ne pouvez pas vous permettre de dévoilez aux autres la noblesse de votre cœur.
Si mes activités étaient plus en phases avec la personne que je suis alors peut-être que finalement des morts auraient pu être évité. Vous ne croyez pas ?
Le parallèle avec sa propre situation n’était pas assez subtil pour que le Nukenin puisse l’ignorer. Le Tenbatsu ne supporta pas ce jugement à peine dissimulé sur sa condition. Si il avait continué sa vie à Iwa il n’aurait pas été défiguré, il n’aurait pas été un Nukenin, il n’aurait pas été un paria. Il posa sur Jinbachi un regard froid.
- On ne me paye pas pour répondre aux questions.
Il tendit la main vers le marchand. Ce dernier, visiblement déçut de la réaction, mis quelques secondes avant de réaliser ce que voulait le Nukenin.
Lorsqu’il posa la bourse contenant le paiement de Raïken il lui lança un regard empathique en retenant le geste de recul du Tenbatsu.
- Puissiez vous un jour trouvez la paix Tenbatsu Raïken.
Le Nukenin opina du chef en conservant son visage fermé. Il tourna les talons et s’éloigna sous le regard de Jinbachi. Combien de temps allait-il continuer à ce rythme ?
Todo sorti alors sur le pas de la porte de l’échoppe. Le marchand se tourna vers lui tandis que sa silhouette devenait floue et s’agrandissait pour prendre une taille adulte. La voix qui prit alors la parole n’avait plus rien d’enfantin.
- Tu penses réellement qu’il a l’étoffe ?
- En tout cas, lui-même n’en a pas conscience et ne semble pas vouloir se raisonner…
- Alors tu sais ce qu’il nous reste à faire…