Les collines du Pays du Fer. Aucun endroit ne pouvait être plus reposant que ces étendues herbeuse au relief irrégulier. Ce mélange de vert et de marron, due à la roche émergeant de part et d'autre de la région. J'étais assise en tailleur sur une pierre plate, à observer l'horizon. Le Soleil, s'enfonçant dans le sol dans une ambiance orangée. Sa soeur Nocturne allait bientôt prendre la relève, qui plongerait Tetsu dans l'Ombre, ses habitants iraient voyager au pays des Songes. La fumée des différente forge s'évacuait des cheminées, donnant un ton industriel au paysage. Des oiseaux passèrent au dessus de ma tête, rentrant sans doute donner le fruit de leurs chasse à leurs petit, plus fragile. Ce pays restait, à mes yeux, la plus belle des contrées que j'avais visitée. Je ressentais un petit côté Mystique dans cette atmosphère sereine créée par les Samouraïs. Des gens que je respectais bien plus que n'importe quel Shinobi. Si un jour ce Pays subissait une attaque, je serai là pour lui porter secours.

Il était temps d'y aller. La nuit ne tarderai pas à tomber. Et Dieu sait, que la température baissait très vite à cette saison. Remettant ma capuche, je repartais vers l'Auberge afin de profiter d'une bonne Soupe, et comme à mon habitude, d'un verre de Saké. Les derniers rayons du Soleil filtraient, quand finalement dans une lumière finale, les ombres envahirent les collines de Tetsu.

Mon manteau voletait au gré du vent, monstre élémentaire soufflant fréquemment par-ici, et la Nuit n'était pas un évènement qui allait l'arrêter. L'herbe m'arrivait aux genoux, mais n'était pas du tout un obstacle, au contraire elle ne rechignait pas à se que je passe. La sensation de caresse était d'ailleurs agréable. Au fur et à mesure de ma marche, je vis une silhouette. L'obscurité ambiante, m'empêchait de distinguer clairement la personne devant moi. Mais au fur et à mesure de ma progression, je devinais que c'était un homme. Rien de spécial finalement.

L'ennui, c'était que cet inconnu se dressait entre moi et mon auberge. J'aurai pu l'esquiver, mais quel intêret ? A part pour paraître louche à ses yeux ? J'avançais désormais vers cette homme avec une grande prudence, ma main prête àdégainer mon sabre au moindre geste louche de ce gars. Qui pouvait se balader dans les environs à une heure pareille ? Pas un habitant de la bourgade la plus proche. Ce n'était peut-être qu'un villageois, mais j'étais parfois tellement paranoïaque. La vie m'avait jouée tellement de mauvais tour...

Sortir du village, quoi de plus facile pour un Jônin ? Il suffisait de donner une raison à la limite du plausible, demander une permission orale, voir même signer quelques papiers si la situation l’exigeait. Ceci fait, libre à vous de gambader ! Je devais pour ma part me rendre à Tetsu no Kuni, le pays du fer, pour une rencontre plutôt importante que je devais effectuer avec... Quelqu’un. Mais passons ces détails, nous y arriverons prochainement. Pour l’instant, m’attendait une route qui s’avérait assez longue, pour arriver à ce pays où la neige faisait partie intégrante du paysage.

Le périple fût relativement éreintant. Nonobstant, malgré l’ardeur des routes menant à cette parcelle de terre que les samouraïs avaient élu foyer, mon ancienne aventure avait fait de moi un homme pouvant supporter les pires conditions. Pis, ‘paraît que c’est de bons bougres, ces samouraïs. L’genre de mecs hyper réglos, gentils, nobles et justes. J’me dis des fois que nous autres ninjas, nous devrions apprendre de gens comme eux, nous imprégner de leur culture. Mais j’me dis aussi que c’est impossible. Ce n’est qu’une vague utopie, un rêve qui ne se réalisera jamais.

Ou alors, peut être se réalisera-il, si mon entrevue avec cet homme se passe correctement, et que mon plan aboutit. Alors, je serais apte à construire un monde nouveau, sans morts, sans combats. Je le bâtirais bribe par bribe, jusqu’à l’élever haut, plus haut que tout. Néanmoins, il fallait que ce plan aboutisse. Sinon, je serais certainement condamné à errer à tout jamais.

Chassant ces pensées de mon esprit, je me mis en tête d’arriver à l’auberge la plus proche le plus rapidement. Les vagues traits d’un tournebride commençaient d’ailleurs à se dessiner, au loin. La caravansérail semblait être un foyer aux couleurs sobres, se mêlant parfaitement à la couleur crépusculaire du paysage. Tandis que l’astre diurne déclinait et que la sorgue commençait à étendre un manteau fuligineux, je me rapprochais de plus en plus de mon eldorado, mais me décidais tout de même à octroyer à dame nature un peu de mon temps, le bal qui s’offrait à mon soupirail céruléen étant trop tentant pour céder à l’envie du souper, qui pourtant faisait elle aussi savoir sa présence.

A ma gauche se dessinaient maintenant les vagues traits d’une silhouette, dont le visage aux traits fin indiquait son sexe. La donzelle semblait avancer en direction de l’auberge, et semblait tout autant me prêter attention. Quoi ? Je fais peur maintenant ? Et encore, elle n’est pas assez proche pour distinguer ma signature de chakra... M’enfin, peut être que j’aurais besoin de compagnie, ce soir. Après tout, quitte à venir pour les affaires, autant s’occuper comme on peut à côté !

• Beau coucher de soleil, n’est-ce pas ?, avais-je sorti sans détourner mes yeux du spectacle qui s’offrait à moi-

Certains appelleraient ça du tact, d’autres du manque de savoir faire avec les gens. D’autres même interpréteront ça comme une technique de drague. Moi ? J’m’en fous un peu à quoi ça peut ressembler.

Discrète, je devais me faire discrète. Ne pas attirer l'attention. De toute façons, j'étais déjà grillée, cet homme, tout vêtu de blanc, devait sans doute m'avoir aperçu. A moins qu'il soit victime de cécité, ce qui serait peu probable. Plus je m'approchais, plus la clarté de sa tenue me frappa. Il sortait totalement du décor. Etait-ce un de ces fameux êtres de lumières, des étoiles déchue, quittant le bal céleste afin de voyager tel de simple mortels ? Pourquoi pas, j'avais vue tellement de choses incroyable lors de mes voyages, que je ne serais pas surprise plus que cela.

Arrivée à sa hauteur, il s'adressa à moi, sans même quitter des yeux le spectacle qui se deéroulait sous ses yeux. A savoir, le coucher de l'astre Solaire. Je ne pouvais qu'être plus d'accord avec cet inconnu, qui à ma grande surprise était lui aussi touché par les petit détails qui rendaient une journée dite "banale" en quelque chose de magique. Quelques chose qui rendait nos existences, plus agréable à supporter. Je me tournais donc vers ce spectacle naturel, debout au côté de ce parfait inconnu.

— Oui. Un des rares bohneur qu'une journée peut offrir quotidiennement.

J'observais du coin de l'oeil cet homme. Il était jeune. Mais plus grand que moi, de par la taille et sans doute de l'âge. Il devait avoir vingt printemps, pas plus. Ce gars n'était clairement pas un villageois, il ressemblait plus à un moine où à un Samouraï. En pleine journée, lorsque le soleil devait être à son Zénith, cet homme devait sans doute être dur à regarder en face vu tout ce blanc qu'il arborait. Même sa chevelure était d'Albatre. Etonnant. Cet homme était mon total opposé. Nous êtions de sexe opposé, il était vêtu de blanc jusqu'à ses cheveux. J'étais vêtue de noir, jusqu'à mes cheveux. Drôle de situation, qui ne devait pas arriver souvent.

La faim commençait à me tarauder, un bon plat et un feu de cheminée me ferait le plus grand bien. Je décidais avec la plus grande politesse de mettre fin à cette rencontre.

— Je vous souhaite une bonne soirée.

Je m'inclinais légèrement par respect, remettais une mèche de cheveux rebelle en place et je repartais vers l'auberge. L'air commençait à se refroidir de façon drastique, à tel point, que je sentais des frissons parcourir mon épiderme. Reserrant l'étreinte de mon manteau, j'accélerais le pas vers les portes accueillante du gîte. Il n'était pas rare de voir l'herbe geler en cette période de l'année. Les températures pouvaient facilement tomber en dessous de 0° durant cette saison. Mais les habitants de Tetsu étaient habitués aux caprices de ce climat, voilà une éternité qu'ils affrontaient cette météo. Et voilà quasiment quatre ans que je connaissais cette saison par coeur.

Si j’avais pu m’auto plonger dans un genjutsu pour annexer ce moment dans ma mémoire, je l’aurais fait. Ce genre de paysages était tellement rare là d’où je venais. Vous devez bien deviner qu’à Suna, véhémence climatique et dunes de sable étaient toujours au rendez-vous, peu importe la saison. La chaleur faisait toujours rage, et même si les couchers de soleil ont leur propre beauté au pays du vent, la vue de ce spectacle m’enjouissait vraiment.

La donzelle s’était positionnée près de moi, et affirmant mes dires, daigna elle aussi accorder un peu de son temps au cadeau que lui offrait la nature. D’un regard furtif, je dressais le tableau de la femme à mes côtés. Une jeune adolescente arborant un style que l’on pourrait facilement qualifier de « sombre », pour ne pas dire « dark ». Son style vestimentaire ne contrastait en aucun cas avec sa crinière d’un noir de jais. La situation anecdotique me fit arracher un sourire, inutile d’expliquer pourquoi.

Néanmoins, malgré son style trash et renfermé de jeune ado qui passe par sa crise, la jeune femme se trouvait être extrêmement polie, voir même un poil chaleureuse. Mais alors juste un poil, hein. Me souhaitant la bonne soirée, elle tourna ainsi les talons en direction de l’auberge, alors que déclinaient au loin les derniers rayons de soleil. Et là, deux solutions s’ouvrent à moi. Soit lui souhaiter une bonne soirée à elle aussi, aller manger tout seul à l’auberge et dormir à huit heures du soir comme un petit garçon faute de distraction, ou alors lui demander compagnie au risque de se prendre un vent. Entre les deux, le choix est vite fait.

• Madame !

Je m’inclinais légèrement une fois qu’elle fut retournée avant de dire :

• Cette auberge vaut-elle le coup ? J’ai marché longtemps, alors un ou deux kilomètres de plus ne va pas me tuer si elle n’offre pas de souper potable.

Voilà, au moins j’y suis pas allé en mode casquette à l’envers et « wesh ‘mazelle j’peux v’nir manger q’chose ‘vec toi j’pète la dalle pis t’es mignonne, héhé ». Et si elle fait genre qu’elle a pas compris bah, tant mieux hein, au moins ça ne sera qu’un demi-vent.

J'allais bientôt commencer à claquer des dents. Le vent était devenu un courant d'air glacé, me frigorifiant les membres. La chaleur de la salle à manger ne pourra que me faire du bien. J'accélerai le pas, ce qui faisait que je courais presque vers la lumière accueillante du gîte. La plaine se durcissait sous l'effet du froid, l'herbe devenait plus rigide, me ralentissant dans ma course. Ce n'était qu'un petit souci, je n'étais pas non plus obligée de me débattre comme une malade pour me sortir de cet environnement frigorifique.

C'est alors que j'entendis la voix de l'homme en blanc dans mon dos. Il m'interpellait. Je m'arrêtais, ma main effleurant par rêflexe la poignet de mon katana, et je me retournais attendant de voir cet homme arriver à ma hauteur, j'étais curieuse de savoir ce qu'il me voulait encore. Il s'inclina légèrement par respect, une inclinaison que je lui rendis, et commença une nouvelle discussion. Il me demandait mon avis. Il désirait savoir si l'auberge de ce village, valait le coup afin de passer une bonne soirée et de pouvoir déguster un bon repas. Coincidence ? Sachant que c'était la-bas que je séjournais. Le savait-il depuis le départ ? Ou c'était réellement un hasard du destin ?

Quoiqu'il en soit je ne pouvais pas refuser de répondre à sa question.

— "L'Enclume" est une auberge accueillante, elle propose des plats locaux, des chambres en état acceptable et tout ça pour quelques Ryos.

J'espérais avoir répondue à ses attentes. Je voulais éviter de partir dans une conversation sans réel intêret, qui ne ferait que me retarder. Tout ce que je voulais, c'était un bol de ramen, un verre de Saké et un bon lit. Je n'avais pas de temps à perdre avec une quelconque personne, qu'elle soit un homme ou une femme. Cependant, etant donné qu'il allait sans doute suivre le même chemin que moi, je n'allais pas pouvoir éviter des bribes de conversation de la part de ce garçon. Je lui indiquais la porte de l'auberge d'un geste de la main.

— Il serait peut-être préférable de discuter une fois à l'intérieur. Ainsi, vous pourriez vous faire une idée de cet endroit.

Je me détournai de cet homme et continuais mon chemin en direction des portes du gîte. Les bras croisés, j'essayais de contenir le plus de chaleur corporelle. J'étais réellement gelée sur le coup, les frissons étaient beaucoup plus accentués. Bref, je ne pouvais pas rester un instant de plus dehors avec cette température hivernale. C'est donc sans autre forme de procés  que je courais presque vers les lumière accueillante de ce bâtiment qu'était l'auberge nommée "L'Enclume".

Se courbant elle aussi à son tour, la jeune femme m’indiqua que « L’enclume » était une auberge accueillante où il y faisait bon manger et dormir contre une mince subvention materielle. Drôle de nom pour un gîte , mais ce n’était pas le plus important, du moment que j’allais enfin pouvoir me reposer. Pointant la bâtisse éclairée de sa dextre , la donzelle au soupirail d’ambre me convia à rentrer à l’intérieur afin de poursuivre  notre discussion. Je répondis à son invitation d’un simple hochement de tête suivi d’un «  soit  » tout aussi bref.
 
Bras croisés afin de contenir le peu de chaleur corporelle qu’elle avait accumulé, la fille d’Eve semblait bien sensible au froid de la région, malgré son manteau qui avait l’air plutôt réchauffant.
 

• Je vous prêterais bien mon manteau, mais comme vous voyez, je n’en ai pas.

 
En effet, je n’étais sapé que d’un petit kimono de lin à même le corps. Vous diriez bien « Comment un sunajin ne peut pas il avoir froid dans de telles circonstances ? ». Je vous répondrais alors que j’ai bien froid, mais que j’ai appris à m’y faire. Mes doigts commencent même à geler, mais parviens à supporter cela, et à faire comme de rien n’était. Ce qui n’était apparemment pas le cas de la femme à mes côtés, qui pressait de plus en plus le pas vers « l’enclume ». M’enfin, je crois juste qu’elle a perdu ses pokéballs et que ça va mal se passer pour elle si un poké’ sort de l’herbe. Quoi ? Pas de pokémons ici ? Bah. Tant pis.
 
Nous entrâmes finalement dans la bâtisse, et le premier soulagement fût la chaleur réchauffante qui me frappa dés que je mis le premier pied. Si moi même ressentais une sensation de satisfaction, je devinais que dans la cavité encéphale de la femme m’accompagnant, ça devait être la fête.
 
Trouvant finalement une table, nous nous assîmes en attendant qu’un serveur passe prendre nos commandes. Tandis que je défaisais mon bandeau blanc pour le mettre sur la table, mon ventre fit savoir son impatience d’un grondement qui était sûrement parvenu aux oreilles de la donzelle.   
 

• Désolé. Ca doit bien faire un jour et demi que je n’ai rien mangé.

— Ce n'est rien.

Enfin je poussais le battant de la porte d'entrée. Et quel ne fut pas mon soulagement une fois à l'intérieur. Un courant d'air chaud vint me caresser le visage, mutilé par les vents glaciaux. Je fus prise alors de soubresaut, du à la différence de ma "chaleur" corporelle par rapport à la température intérieure. Me rapprochant du feu, je frottais mes mains entre elles, afin de me réchauffer un maximum. Je restais ainsi, debout, bêtement devant la source principale de chauffage du bâtiment.

Une fois que je me sentais mieux, je décidais de prendre place sur une des tables de la pièce. Le problème étant que cet endroit était particulièrement petit, et que ce soir, la quasi totalité de l'Enclume était remplie. Il ne me restait qu'une seule place : A côté de cet homme vêtu de blanc. C'est donc en rechignant que je m'asseyais en face de lui. Les jambes croisée, j'attendais que l'on vienne nous proposer les plats du jour. Et vu toute la populace présente afin de se remplir l'estomac, nous allions attendre longtemps. C'était sans compter que la conversation allait être "passionnante". Premier son coupant le silence entre nous : Un gargouillis ventrale. Et croyez moi, ce n'était pas le mien... Il s'excusa directement après, prétextant qu'il n'avait pas mangé depuis plus de 24h. Et pourquoi ? Il n'était pas d'ici ? Pourtant je ne voyais rien qui prouvait que cet homme était voyageur. pas de sac, pas de manteau, non aucun signe distinctif de globe-trotter.

— Vous n'êtes pas d'ici ?

Ce gars allait me faire croire qu'il avait parcouru des kilomètres et des kilomètres sans aucune provisions, sans aucun matériel de première nécéssité pour une expédition pouvant aller jusqu'à plusieurs mois ? La bonne blague. Ce n'était rien qu'un arrogant personnage, qui cherchait juste à faire bonne impression. C'est triste d'ailleurs, quelques instants plus tôt, je le mettais hors de ce lot. Il fallait croire que les hommes étaient tous les mêmes...

Avant même qu'il puisse me répondre, une serveuse arriva à notre table, déposant deux parchemins. Un devant chacun de nous. Je n'avais pas besoin de jeter un oeil au menu, je savais ce que je voulais.

— Bonsoir, un bol de ramen aux poulets avec un verre de Saké. Merci.

Certains verraient en cet aveux un mensonge pompeux et diffamatoire, destiné à se donner de beaux rôles. Pour moi, ce n’était que stricte vérité. J’étais bel et bien resté un jour et demi sans rien manger, et pour tout dire, comparé à d’autre périodes de ma vie, j’avais le sentiment d’être pleinement rassasié. Rester un ou deux jours sans rien dans le ventre ne m’affectait plus mentalement, néanmoins, je ne pouvais supprimer mon envie physiologique. Même si je m’entraînais toute ma vie à réduire mes rations alimentaires, un ventre gronderait toujours lorsqu’il n’en pourra plus, et le teint de peau palirait toujours si je ne mangeais pas assez.

J’avais pris pour coutume de ne pas trop manger, voir même rien du tout, pendant mes voyages. Entre autre, ça me faisait perdre du temps, aussi je me contentais toujours du strict minimum. Alors que la donzelle tentait de relancer la conversation, une serveuse vint finalement prendre nos commandes. Laissant la jeune fille qui me faisait fasse passer la sienne en premier, je dis lorsqu’elle eut fini :

• Une salade, du ramen au porc et un verre d’eau s’il vous plaît.

J’agrémentais la quinquagénaire d’un léger sourire et finit par défaire mon équipement. Mes plastrons que j’avais à la main, et noué vers le coude, là où la vue ne pouvait l’atteindre car il était caché par mon kimono, mon bandeau de shinobi de suna.

• Je suppose que cela semble répondre à votre question. Je vous demanderais bien la même chose en retour, mais il me semble que vous êtes une habituée des lieux. D’ailleurs, vous m’excuserez.

Me levant de table, j’allais rapidement me rafraîchir et me laver les mains de cet éreintant voyage, avant de revenir m’asseoir.

• Rassurez-moi, ce n’est pas aussi plein le jour ?

Comme prévu, l'homme en blanc passa commande, profitant de la présence de la serveuse afin de prendre des ramens agrémentés de morceaux de porc, accompagnés d'une salade et d'un simple verre d'eau. Je n'avais pas rencontrée enormément de personne de sexe masculin avec un appétit aussi minime, j'étais étonnée. Seul les moines avaient l'habitude de prendre un repas aussi frugal. J'avançais, c'était par ce genre d'habitude que je pouvais découvrir l'identité d'une personne, et cet homme ne faisait que confirmer mes "soupçons" sur son rôle spirituel.

Afin de se mettre à l'aise. Le "Moine" enleva ses gantelets ainsi que... Son bandeau Shinobi. Mes mains se crispèrent à la vue de cet objet détestable, symbole de l'allégeance de cet homme pour des personnes qui se servaient de lui afin d'assouvir leurs désirs de sang. Je regardais plus attentivement le caractère gravé sur la plaque d'acier. Cette forme... C'était Suna. Plus aucun doute la dessus. Ainsi donc, ce gars ne m'aurait pas menti : C'était un voyageur. Mais que faisait-il ici ? Etait-il en mission ? Quoi qu'il en soit, je n'étais sans doute pas en danger. Le Sable n'avait aucune raison de me rechercher à l'image de Konoha.

Un mince sourire apparu sur mes lèvres lorsque le Sunajin pensait que j'étais d'ici. Je n'allais pas m'en plaindre hein. Mon identité en temps qu' Ex-Konohajin ne devait plus jamais remonter aux oreilles de qui que ce soit, mes plans pourraient bien en être changés et ça, il n'en était pas question. Je restais donc silencieuse suite à cette phrase. Libre à lui de penser ce qu'il voulait de ce mutisme volontaire.

C'est alors que le Shinobi se leva de sa place et partit en direction des sanitaires. Il revint alors quelques instants plus tard, reprit sa position initiale et me demanda si l'endroit était toujours aussi bondé le jour. Que ce soit de jour ou de nuit, je vous avoue que moi même, je n'avais pas eu souvent l'occasion de voir cette pièce remplie d'autant de voyageurs.

— Non rassurez-vous. C'est d'ailleurs rare que cette pièce soit remplie. Que ce soit de jour comme de nuit...

Je le regardais droit dans les yeux.

—... Le village reçoit peu de visiteurs.

C'est alors que la serveuse très concentrée arriva avec un plateau. Je pouvais voir nos plats sur ce support. Comme les cartes du menu avant eux, elle posa les plats devant chacun de nous. Les boissons suivirent. C'est dans le silence que je me lançais dans la dégustation de mes ramens.

C’était juste par curiosité. J’avais déjà donné à mon invité un autre domaine de rendez-vous, ça serait un peu irrespectueux d’en changer au dernier moment. Nan, je posais la question juste au cas ou je devrais à nouveau me pointer à Tetsu, pour une autre rencontre. La donzelle me répondit d’ailleurs à mon interlocution, affirmant que d’habitude, cette pièce était loin d’être remplie, et que aujourd’hui était une belle exception, le village recevant d’habitude peu de visites.

• On peut dire donc que la malchance soit tombée sur vous pour que vous ayez à partager ma table. C’est un parfait plaisir pour moi, cependant.

Quoi ? J’faisais trop dans le mec sage-erudit-tellement plein aux as et faux cul que t’as envie de dire merde- ? Mais que nenni, monseigneur, je dirais même pas du tout. Et je ne sors pas tout droit du dix-septième siècle, namého !

Les plats arriverent finalement, et alors que ma comparse de table entamait sa dégustation, j’en fit de même. Malgré ce que l’on pourrait croire, ma faim ne m’avait pas fait jeter sur la bouffe tel un dégénéré. Mon pacte avec les aigles m’avait appris beaucoup de choses, dont la noblesse. Se tenir droit, parler avec éloquence –même si un aigle ça parle pas on s’en calisse-, et manger proprement –même si un aigle ça mange comme un porc en vrai aussi osef-. Prenant le temps de bien mâcher mon repas, je décidais de reprendre une discussion qui commençait à refroidir.

• Que pensez-vous des villages Shinobi ? Aucune arrière pensée dans ma question, hein. Je suis même d’accord avec la plupart des idées que les déserteurs se font de leur anciens villages, ce qui m’attire bien des ennuis, au passage.

[HRP : Désolé de la qualité (et la quantité xD) du post un peu en dessous.]

Aujourd'hui, le village fêtait ses 30 ans d'existence. D'ailleurs, plus de la moitié des personnes présentes étaient des habitants du village venus fêter l'évènement, le reste étant des membres de leurs familles ayant fait un long voyage pour leurs rendre visite et partager ce petit moment convivial. Et la petite minorité restante était des vrais voyageurs, comme ce Sunajin.

Je regardais les hommes et les femmes trinquer en rigolant, les enfants courant dans la pièce jouant à je-ne-sais-quel-jeu. Un fin sourire apparu en voyant l'innocence se lire sur les visages de tout ces garnements. J'espérais qu'ils ne connaîtraient jamais la guerre, comme je l'ai connue, comme tous les Ninjas et Samouraïs l'ont connue. C'est alors que j'entendis le shinobi, qui me servait de partenaire de table, m'interpeller. Il se rendait compte que je ne m'étais assise ici uniquement à cause du manque de place, et que je ne partageais pas réellement la joie présente dans l'auberge. Je faisais semblant de pas entendre la fameuse partie où il me disait que ma présence lui faisait plaisir. Mon regard ne quittant pas les garnements qui s'amusaient désormais au "Loup", slalomant entre les nombreuses tables de l'Enclume en rigolant.

Ce plat était délicieux. Des jours et des jours que je mangeais à chaque repas, ce même met. Le poulet était mariné dans une sauce composée d'épices diverse et variée qui ne se trouvaient, pour la plupart, que dans les contrées du Fer. Donnant à cette soupe un goût unique. Malheureusement, l'isolement de ce village par rapport aux restes des agglomérations de Tetsu no Kuni, faisait qu'il n'était pas très connu. Détail que j'avais mentionnée précédemment à mon voisin.

La discussion avait cessée depuis que nous avions pris les premières bouchée de nos plats respectifs. A côté de tout ces rires, notre table était plus une morgue qu'autre chose. Mais le silence ne dura pas longtemps, mon voisin trouvant un nouveau sujet de conversation. J'avalais de travers le morceau de volaille lorsque qu'il me posa sa question. Une toux discrète et je plongeais mes yeux dans les siens, je ne pouvais pas être plus froide qu'à ce moment là. En même temps c'était quoi cette question louche ? Qu'est-ce que je pensais des villages Shinobis ? Il me connaissait ? Konoha l'avait engagé ? Je tentais de garder mon ton habituel afin de ne pas me trahir.

— Je ne peux pas avoir d'avis sur des cités que je n'ai jamais vue. Je n'ai pas eu la chance de naître dans un de ces fameux villages.

Je poussais un petit rire mauvais.

— Enfin, "chance" n'est peut-être pas le bon mot.

Sur ce coup, je ne le quittais plus. Mon regard ne vacillant pas d'un pouce. Finalement après plusieurs secondes, je reprenais une bouchée de ramen. Mais le sujet "Village Shinobi" était encore présent dans mon esprit. J'avalais la nourriture ingurgitée, prenais une pose décontractée et reprenais là où on s'était arrêtés.

— Vous êtes mieux placé pour me dire ce que vous en pensez.

Autour de nous, des bambins s’amusaient à courir, et la soirée battait son gré. J’avais du mal à imaginer cette chaleureuse pièce vide, et dénuée d’intérêt. Pour moi, une place qui fut jadis conviviale devrait le rester à tout jamais, car elle symbolisait de nombreux souvenirs à ceux qui avaient contribué à la rendre aussi festive.

Ma partenaire de table, elle, était vraiment... Antipathique. J’sais pas si c’est moi, ou si elle est comme ça généralement, mais j’apprécie pas c’genre de personnes. Je suis le genre de gars sociable qui parle avec qui et n’importe quoi, un climat chaleureux s’installait toujours quand j’étais dans les parages, mais c’te zoulette là, elle dégage qu’des mauvaises ondes. Alors elle va découvrir mon côté manipulateur, fourbe et sournois. Et le pire, c’est que quand je suis dans cet état d’esprit, on sait très rarement le deviner. Par contre moi, je sais lire la tension sur le visage des autres~. Au moins, ça aura le mérite de me divertir.

J’avais pioché un sujet assez délicat de nos jours, surtout en dehors des enceintes Shinobi. C’est à dire... Les enceintes Shinobi elles même. Une question anodine, lancée comme ça, mais qui pourtant avait le mérite de faire réagir instantanément la femme qui me faisait face. J’ai envie de dire, touché~. Mais est-ce coulé pour autant ?

La donzelle s’était enfin lancée. Sur ce sujet, elle avait encore plus parlé qu’elle ne devait avoir parlé pendant toute la soirée. Un fin sourire, aux abords niais et sincères était apparu sur mes lippes tandis qu’elle me fixait. Je terminais ma salade avant de lui répondre :

• Eh bien, j’ai touché un point sensible on dirait. Vous parlez beaucoup tout d’un coup. Et puis, ne pas naître dans un village ne signifie pas ne pas en faire partie, n’est ce pas ? Surtout que bon nombre des Shinobis errants de nos jours sont des déserteurs. Au fait, êtes vous une kunoichi ?

A cette dernière question, il y’avait trois issues possibles. Soit elle disait non, et c’était vraiment le cas. Soit elle disait non, et c’est quand même une shinobi, soit elle fait a darkos offensée. Vous l’avez compris, on ne réponds jamais par oui à ce genre de questions quand j’ai dit ce que j’ai dit un peu plus haut. Mais les mimiques trahissent toujours. Si cette fille est bel et bien une kunoichi, il y’a de grandes chances qu’elle soit une déserteuse. Après tout, quel ninja de nos jours n’a pas une fois de sa vie rejoint un village ? Néanmoins, tout ceci n’est que spéculation, et à vrai dire, je m’en tamponne de savoir la vérité, sinon j’userais d’une de mes techniques. Non, moi je veux juste m’amuser~.

• Les villages Shinobis, les villages Shinobis... C’est mauvais, un village Shinobi. Il n’y a jamais eu de bon kage depuis le début des villages, vous ne trouvez pas ? Et pour finir, les petits ninjas haineux cherchent à se venger, désertent, pilent, tuent, violent. Ils font ce que leurs supérieurs – ou anciens supérieurs-, veulent qu’ils fassent, et perpétuent le cercle de haine sans fin. Si vous me répondez à ma précédente question, je pourrais même vous révéler un secret. Un secret où il y’a un fou qui a imaginé une façon utopiste de changer ce monde.

Même si j'essayais de ne rien montrer, j'attendais son avis avec une certaine impatience. La réponse n'allait pas tarder à tomber, un sourire apparu alors sur ses lèvres. Une bouchée de salade et le voilà lancé. Il commença d'abord par donner son avis sur ma réponse. Et pour tout vous dire, il me toucha en plein coeur. Les nombreux sous entendus qui composaient sa phrase montraient clairement qu'il me soupconnait d'être une vraie déserteuse. C'était la deuxième fois depuis que j'avais coupée les liens avec la Feuille, que je tombais sur une personne me posant des questions sur les villages Shinobis. Et c'était la deuxième fois que l'on me soupconnait de désertion. Comment pouvais-je me trahir aussi facilement ? S'en était presque ridicule. Mais malgré tout, je ne pouvais pas avouer ma véritable identité. Non, l'essentiel de ma survie reposait sur ce secret. Je ne devais pas lâcher le morceau. Je devais mentir, encore et encore. Mon nom et prénom ne seraient jamais connus par des personnes tel que cet homme. Pour le monde je ne serais que Raven, l'orpheline qui proposait ses services à la populace du monde entier. J'ignorais sa dernière question, attendant qu'il donne sa propre réponse sur les Puissances Shinobis.

Sourcils légèrement froncés, j'écoutais ce qui était désormais son avis des grandes cités Ninja. Et je dois dire que j'étais surprise de sa réponse, pour le moins étonnante venant d'un Sunajin. En effet, selon cet homme, les villages étaient des choses mauvaises, des entités négatives. Les Ombres ayant pris le contrôle de chaque village n'avaient jamais apportées le "Bien" à ce monde. Il continua alors dans sa lancée, abordant le cercle vicieux de la haine perpétuelle. Il finit alors en me disant que si je répondais à sa dernière question, il m'avouerait le secret d'un utopiste. Cette discussion devenait presque comique, le petit rire que je poussais montrait bien que cette situation m'amusait.

— Vous voulez dire qu'il y a encore des gens, même fous, qui pensent qu'une paix est encore possible ?

Je retrouvais alors mon sérieux.

— Allez-y. Faîtes moi rire.

Pour moi, une personne qui croyait à une paix durable dans ce monde, qui était le notre, était tout simplement folle. Il n'y avait pas à chercher plus loin. Les nations shinobis étaient des éléments extrêmement instable, qui pouvaient entrer en conflit à tout moment. Une seule étincelle et le monde rebasculait à nouveau dans le chaos. Les nombreuses batailles auquel j'ai participée à l'époque en étaient les preuves. En ce moment même nous êtions dans l'oeil du Cyclone, mais dans peu de temps, la guerre réapparaîtrait sur le continent. Et ça, personne ne pourrait l'en empêcher.

Tant que les shinobis existeront, la Paix restera un mensonge au yeux du monde.

‘Faut bien dire que dans ce monde, quelqu’un qui pensait comme moi était considéré comme utopiste. Un fou. On devrait même le mettre en quarantaine. Pour bon nombre de shinobis, pour ne pas dire leur quasi totalité, le monde se fera dans la guerre, et s’écroulera en guerre. Les combats étaient partie intégrante de notre vie quotidienne, aussi il était normale qu’une personne lambda ne puisse imaginer vivre sans le tambourinement répétitif du kunai sur la chair de l’homme. Mais je n’étais pas ce genre de personne. Aussi banal puis-je être, je pensais différemment. Et je comptais bien le montrer au monde entier. Mais chaque chose en son temps.

Affichant un mauvais rictus, la donzelle demanda si vraiment ce genre de personnes existaient, même si pour autant elles étaient considérées comme folles. « Oune paix, ouncoure poussible, qui pouvait croire ça ! », je ne sais pas pourquoi j’ai mis l’accent, j’ai juste eu envie. Puis, elle me demanda de la faire rire. Mais demoiselle, toute chose a un prix. Tu te doutes bien que j’ai une idée derrière la tête pour te révéler tout ça. Mais il faut que je m’assure avant que tu sera plus une alliée qu’un nuisible potentiel.

• Réponds-moi avant. Tu es une kunoïchi ou pas ? Mieux, es-tu une désertrice ou pas ? Ce que je m’apprête à te révéler m’emmènerait probablement à la guillotine si j’en parle à une autre personne qu’à un déserteur, aussi étonnant que cela puisse paraître.

Voilà, la balle est dans ton camp jeune fille. A toi de décider.

[hrp : Poste court mais il me faut savoir ces quelques informations pour te répondre :p Une fois que tu me réponds go skype]

J'attendais. Il ne me restait plus qu'à patienter. Car cet homme, très amusant, avait l'air on ne peut plus sérieux sur le coup. Je ne vascillais pas, mes pupilles plongées dans les siennes, impassible. Je ne voulais montrer aucun signe de faiblesse devant ce gars qui m'apparaissait désormais bien plus dangereux depuis qu'il m'avait dévoilé son insigne shinobi. J'avais l'étrange impression de déjeuner avec ma Mort, et cette simple idée me donnait des frissons.

Lui même ne semblait pas destabilisé par mes propos. Il continuait à me fixer, toujours aussi serein. Ce gars était obstiné, il ne désirait pas lâcher ce fameux secret. Il voulait une réponse avant de me confier quoi que ce soit. Sachant que si je ne lui disais pas que j'étais une Nukenin, il ne me dirait probablement rien. En gros, il me mettait dos au mur. Surtout que d'après ces dires, il risquait bien d'avoir des ennuis si je n'étais pas ce qu'il voulait que je sois. Cette information cachée commençait à m'intérrésser. Cependant, je n'étais pas de ces personnes qui se trahissaient juste pour assouvir leurs soifs de connaissance. Ce mec me prenait-il vraiment pour une idiote de première ? Tout portait à le croire...

— Bien sur que non je ne suis pas une Kunoichi. Je vis ici depuis des années, ce sont les Samouraïs qui m'ont forgés et pas vous, les Shinobis.

Je crachais presque sur le dernier mot prononcé afin de jouer mon rôle au maximum. J'avais désormais une raison valable d'avoir un sabre à mes côtés, surtout que ce dernier avait été forgé par un grand forgeron de Tetsu no Kuni. Il n'avait aucune chance de remonter à mes origines. J'allais brouiller les pistes au maximum. Ma vie était bien plus importante qu'une simple information de ce genre, même si cette "donnée" m'attirait. Ce n'est pas tous les jours qu'une personne me confiait que ce renseignement lui couterait la vie s'il décidait de me la transmettre.

Qu'allait être sa réaction ? Allait-il me croire ? En tout cas je l'espérais, cette conversation partant dans un sens que je n'appréciais guère.

Qu’allait-elle bien pouvoir me répondre, maintenant ? Jouer avec elle commençait à me lasser, je voulais en arriver à un peu plus sérieux. Je voulais arriver là où on débutait dans le dangereux, là où on laissait de côté le futile. Le dangereux est le point de départ des vraies choses, car ces « vraies choses », ont souvent été atteintes avant nous. Ceux qui les ont atteint avant nous ont posé des barrières parfois tangibles, parfois non. Pour les braver, il faut littéralement prendre le risque. C’est ce que je m’apprêtais à faire. Prendre le risque, pour faire de ce monde un monde meilleur. Un monde où chacun trouverait son compte. Un monde où le mot « bonheur » prendrait son sens.

La donzelle me répondit finalement. Son stress intérieur, bien qu’elle savait le contenir « visiblement », la trahissait, et altérait la véracité de ses propos. Face à un autre shinobi que moi, elle serait déjà entrain de se battre. Mais heureusement, je n’étais pas du genre à démarrer les conflits pour un rien. Ni même à démarrer les conflits tout court.

• Tu dis que celui qui rêve d’un monde en paix est un fou. Mais ton peuple, celui des samuraïs, ne prône-il pas cette paix ?
  

Un sourire faussement niais se dessina sur mes lippes. Bien sur, à cette déclaration, elle pouvait toujours trouver une réponse. Je désirais juste mettre fin à ce jeu, car il commençait à me lacer.

• Tu mens peut-être, mais ton mensonge n’est pas un mensonge manipulateur, à moins que tu ne sois bonne actrice. Tu cherche juste à éviter… Quelque chose, ou quelqu’un. Tu n’aimes pas les shinobis.
  

Je pris une petite respiration

• Tant que tu ne les aime pas, il n’y a pas de danger. Ce n’est pas un monde sans haine qu’il faut rechercher. C’est la façon dont on montre cette haine qui est importante. La haine pourrait être canalisée dans un art, dans une bataille économique, ou politique-pure, mais l’homme n’a pensé qu’à une seule façon d’exprimer sa haine.  Le combat.  Je veux abolir cette mauvaise pensée, et je commencerais par mon propre village, pour étendre ça sur tout le monde. Cela prendra le temps que ça prendra, et je serais considéré comme une ordure, mais je n’en ai que faire.  
  

Deuxième souffle, bien plus court cette fois-ci. Comme-ci tout ce que j’avait dit n’était qu’introduction pour ces quelques mots :

• Je vais organiser un coup d’état à Suna.  
  

Pourquoi lui en parlais-je, elle que je venais juste de rencontrer ? Elle n’avait pas l’air méchante, bien qu’elle puisse bien cacher son jeu. Et il me fallait des alliés en dehors de Suna.

Cette conversation allait toucher à sa fin. Cet homme me mettait mal à l'aise. Il était grand temps que je fasse le ménage dans mes idées. Que je puisse souffler un bon coup, cette soirée étant bien plus stressante que ce que je voulais laisser paraître. Je n'attendais plus de réponse ou autre mot de la part de ce gars. Je m'apprêtais à quitter cette table sans autre forme de procès lorsque le Sunajin repartit alors dans un nouveau discours. Peut-être que ce secret allait sortir finalement. Il commenca à aborder le sujet des Samouraïs, ce qui me fit sourire à nouveau. Décidément ce Shinobi était un rigolo. N'ayant pas l'air de vouloir s'arrêter, je le laissais parler attendant qu'il marque une petite pause, afin d'avoir une occasion pour exprimer mes idées. Mais sur ce coup, le ninja du Sable avait, semble-t-il, la langue bien pendue.

Mon sourire ne disparut pas, il s'élargissait. Au fur et à mesure des sons prononcés par ce gars. Je comprenais que l'utopiste en question était lui, et seulement lui. Comment un Shinobi pouvait encore croire à une paix ? Avait-il déjà vu les horreurs provoquées lors des batailles ? Aucune personne ayant connu la guerre ne pouvait parler, ou même penser d'un monde pacifiste. Je n'avais plus rien à faire ici, ce gars était juste un fou. Je perdais mon temps à parler avec cet homme un tantinet dérangé. Me levant alors qu'il n'avait pas fini de parler, je me dirigeais vers les escaliers menant aux chambres. C'est alors que les derniers mots prononcés par le Sunajin me scotchèrent sur place. Je me retournais vers le shinobi, essayant de me persuader que ce que j'avais entendue n'était qu'une erreur de compréhension de ma part. Un regard sur son visage déterminé, je savais que j'avais bien entendue. Ce mec allait tenter de prendre la place du Kazekage.

Je faisais le trajet en sens inverse, retournant m'asseoir en face du Ninja. Une fois assise sur la chaise, je regardais aux alentours, vérifiant que personne n'avait entendu ces paroles presque suicidaire. Aucun homme censé ne dirait une chose pareille sans un plan en tête. Suna était un village affaibli suite à l'attaque de Konoha, le pouvoir en place était très instable et pouvait changer de visage à tout moment. Aussi fou que cela puisse paraître, c'était possible. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je n'étais pas partie en lui riant au nez. Sans compter que le Sable devait avoir une dent contre Konoha. Si je lui apportais mon aide, peut-être qu'il me prêtera main forte à son tour... Sur ce coup plus de faux sourire sur le visage, il était l'heure de parler comme des grandes personnes.

— Et comment allez-vous vous débrouiller ?

Décidement, cette soirée n'était pas banale.

Spoiler:

J’avais été trop loin dans la plaisanterie peut-être. Les femmes sont des ani… ETRES, susceptibles. Un p’tit mot de travers, et hop. Ca se confirmait avec la donzelle qui quittait la table. Quoique, elle était revenue à sa place à la fin de ma phrase. Comme quoi, j’avais visiblement touché un point sensible. Coup d’état ? C’est ça qui l’a fait réagir ? Ou tout simplement l’idée de vouloir changer le monde ? Non, cette pensée n’atteindra personne pour le moment. Il faut que je la garde pour moi, si je ne veux pas passer pour fou. Déjà que je vais avoir du pain sous la planche avec ce soulèvement sous peu… Je joue avec ma vie, ma liberté, alors mes convictions, il ne faudra pas trop en faire part, du moins pour le moment, car je pourrais perdre le peu de partisans que j’ai avec moi. Quant à la femme, elle était visiblement intéressée.

• Qui es-tu ? Je suis déjà allé très loin dans les révélations, alors tu peux me le dire. Je n’accepterais pas de surnom foireux, si tu veux me donner une fausse identité, débrouille toi pour trouver un vrai nom. Regarde, je suis gentil je fais le premier pas. Je suis Chinmoku Araï.
  

Au point où j’en étais, je pouvais donner mon nom de clan. Mais pas mon nom, sinon je serais totalement vulnérable. Déjà que je m’étais un peu trop donné là… Au moins, elle pouvait confirmer en plongeant ses prunelles dans les miennes. Et en connaissant un minimum les clans ninja.

La réponse tant attendue ne vint pas. Moi qui me préparais à entendre un plan des plus ingénieux, je n'avais eu qu'une simple question en retour. Il voulait connaître mon identité. Etait-ce un test ? Sachant qu'il savait pertinemment que je n'allais pas lui donner un vrai prénom et encore moins celui de mon Clan. Ma famille étant sans doute l'un des clans qui a fait le plus parler d'elle lors de la Grande guerre Clanique. Non, je n'allais rien dire la dessus. Lui qui ne voulait pas entendre un simple surnom, il allait être deçu. Je vous l'avais dit, je ne risquerais pas ma vie pour une information quelle qu'elle soit.

— Je suis orpheline. Mes parents étaient des marchands qui sont morts par un groupe de bandit. Je ne me souviens plus de mon nom.

Je plongeais mes yeux plus profondément dans ceux d'Araï.

— Vous pouvez m'appeller Raven.

Voilà, l'histoire était crédible. A lui de voir s'il voulait croire à ça ou pas.

Je repensais alors à son nom, "Chinmoku". Ce mot, je l'avais déjà entendue lors de mes voyages. Un série de lettre étrange, floue, quelque chose qui ressortait du grenier de mes souvenirs. Ce nom était connu, puissant, il ne l'avait pas inventé de toute pièce. Mais étais-ce réellement une famille Sunajin ? Un clan Ninja ? Sur ce coup, je n'en savais rien. Après un bref soupir je repartais à l'assaut.

— Les présentations sont faites. Maintenant, répondez à ma question.

Cette conversation tournait en rond et nous en êtions à la partie la plus interréssante. Pour preuve, je n'avais pas était plus impatiente d'obtenir une réponse depuis le début de notre rencontre. Je ne comprenais pas pourquoi il avait changé de sujet. On ne faisait pas ce genre de manoeuvre alors qu'un coup d'état était arrivé si brusquement au centre de la discussion. Autant y aller "franco" et tout lâcher. Ah moins qu'il était réellement fou, qu'il ne cherchait qu'à faire son intérréssant et que le vulgaire bandeau qu'il m'avait montré n'était pas le sien. De toute façon, peu importait sa réponse. Dans les deux cas, ce gars passait pour un malade mental. Restait à savoir s'il voulait passer pour un guignol, ou un fou ambitieux très dangereux...

Dans l’actuel, jouer avec le feu ne m’impressionnait pas, et me rebutait encore moins. Ce que je préparais était en soit déjà trop dangereux pour que je me soucie de petits détails comme ceux là. La vérité éclaterait de toute façon bien assez vite, alors pendant ce cours laps de temps, il me fallait essayer de convaincre un maximum de gens, et de toutes parts. De la diversité, c’est ce qu’il me fallait pour ce plan. Une frappe soudaine, instantanée, mais qui frapperait sur tous les fronts, et de différentes manières. Ainsi, Suna sera définitivement submergée. Et aussi con que cela puisse paraitre, j’essayais de convaincre cette jeune femme. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle avait bien mordu à l’appât.

Raven l’orpheline avait déballée son histoire. Ca puait le fake, mais en même temps c’était logique et propre. Je n’avais pas demandé la vérité, juste quelque chose de plausible, et plus généralement, un nom de code. Je l’avais eu. Quant à elle, elle ne pouvait très certainement pas se douter que mon nom n’était pas celui que j’avais donné. Bref, la donzelle voulait apparemment passer aux choses sérieuses, et pas de double sens, je vous rassure. Les filles darkos –qui ont des cojones derrière l’écran- ne m’intéressent pas.

• Tu semble perplexe, et en même temps si impatiente, c’est tellement drôle. Mais laisse-moi te dire pourquoi je t’en informe. En ce moment, les préparations sont déjà en cours, et la plus grosse aura lieu d’ici quelques jours, voir heures. Alors si c’est une information que tu compte revende, ou autre, elle ne te sera d’aucune utilité.

Mieux vaut prévenir, on sait jamais hein. Si le mec à qui elle vend ça est mis trop tard sur le coup, et que le coup d’état aura déjà eu lieu quand il le saura, j’ai bien peur qu’il ne soit pas content. Vous comprenez, j’ai peur qu’un malheur arrive aux belles femmes, moi !

• J’ai déjà de nombreux sunajins qui vont me suivre, et je vais prochainement demander l’aide d’un des grands villages ninjas. Et maintenant que j’y pense, quelques amis nukenins ne seraient pas de refus. Oh, le coup d’état, je ferais en sorte qu’il y’ait le moins de morts possible, voir pas du tout. Une fois ce coup d’état réussi, je pourrais commencer mon vrai projet. Celui dont je t’ai parlé. Abolir l’utilisation des arts ninjas à un but offensif, même si je dois détruire tous les villages, même le mien, pour y arriver.

Je pense n’avoir omis aucun élément. J’avais tout dit, et elle était très certainement la seule personne à l’heure actuelle à savoir ça. Mais cette information, personne ne la prendrait au sérieux dite par une autre bouche que moi , et je pourrais toujours démentir. C’est pour ça que je lui avait dit ça à elle, la petite nukenin qui avait l’air isolée.

La vérité s’était présentée, là, devant moi. L’homme parlait avec audace, envoyant de temps à autre des « piques ». Araï était un idiot de première classe, son ton était rempli d’arrogance. Si la curiosité n’était pas un de mes gros défauts, je l’aurai sans aucun doute planté là, en plein milieu de son récit. Je détestais ce genre de personnages, qui ne font que se vanter à longueur de journée.

Mais je ne bougeais pas, écoutant attentivement son discours. Quelque chose d’important se préparait, c’était une question d’heure, ou de jour… La « fourchette » employée par le Sunajin était assez floue. Mais passons. Ce qui était important, c’est que Suna allait changer. Un nouveau dirigeant allait prendre la place de l’actuel Kazekage. En bon ou en mal, je m’en fichais éperdument. Ce que je savais, c’est que cet « évènement » allait probablement m’aider dans ma quête. Un service rendu et ce gars pourrait me rendre la pareille. Des batailles, j’en ai faite, je pouvais très bien réitérer l’expérience. J’étais prête à tout pour que mes efforts soient récompensés.

La satisfaction m’envahissait lorsque le Chinmoku m’annonça qu’en plus de son armée, des mercenaires ne seraient pas de trop. Il m’exposa alors ses conditions comme quoi les pertes ennemies devaient être minimes, qu’il souhaitait en tuer le moins possible. Encore une fois, ce détail était à des années lumières de ma considération. Tuer ou être tuer était la règle principale qui avait régit ma survie pendant plus de 4 ans. Aucune raison que je déroge à cette loi même aujourd’hui. Sunajin, Konohajin, Kirijin, Amejin, peu m’importait. Ils étaient tous des pions que les dirigeants utilisaient à leurs guise soient comme alliés ou comme chair à canon. Cet homme, assis en face de moi, était le même type d’enfoiré : Prêt à toutes les fourberies pour arriver à ses fins. Mais si grâce à lui Konoha pouvait tomber, alors je le servirais sans hésiter.

Lorsque son discours se finissait, je m’apprêtais à répondre à l’affirmative. Cependant, la serveuse arriva à notre table. Pourquoi ? Je ne le savais pas. Nous n’avions rien commandés et elle ne semblait pas transporter des plats. D’un geste, elle déposa un morceau de papier plié devant moi. D’une inclinaison et un sourire cette dernière s’éloigna, retournant chercher d’autres plats. Intriguée, j’ouvrais le bout de parchemin délicatement. C’était un rendez-vous. Une personne souhaitait me voir près d’un autel bouddhiste à Ta no Kuni. Un plan avait été dessiné. Aucune précision de plus. Juste une date et une heure. Sans doute un contrat. Sans réellement savoir pourquoi, j’avais l’impression que ce parchemin était bien plus important que le coup d’état d’Araï.

— Navrée. J’ai des choses plus importantes qui m’attendent.

Me levant, je partais en direction des escaliers. Une nuit de sommeil, me ferait le plus grand bien. J’allais ainsi pouvoir digérer la nouvelle.